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domingo, diciembre 30

Brassens, dessus dessous II



Ce n'est pas une légende : l'impasse Florimont, à Paris, abrite les chats et les chiens errants du quartier. Mais aussi une buse aveugle, un singe et un perroquet. Des dizaines d'albums rassemblent les images de ces animaux que Brassens photographie et filme avec tendresse, parfois durant des heures. « J'inscrivais leur nom, leur date de naissance - jour d'adoption - et celle de leur mort sur le plâtre du mur de ma chambre. La liste était longue. C'était en quelque sorte leur monument funéraire. » Il garde la cendre de ses animaux préférés dans de petites boîtes.  

Couché tót (20 heures), levé aux aurores (4 ou 5 heures), Brassens pratique la culture physique dès son réveil. Il range sous son lit une planche pour travailler ses abdominaux, tire sur des extenseurs et, la pipe aux lèvres, enfourche son vélo posé sur des rouleaux. Il adore la petite reine et les voitures de sport, rêve de conduire une Ferrari rouge, lui qui, dit-on, n'a jamais passé son permis – il l'aurait acheté en Belgique et fait valider en France. Pour faire de l'exercice, le week-end, dans son moulin à Crépieres (Yvelines), il creuse avec ses copains des trous qui ne servent à rien, joue au ping-pong et tire à la carabine sur des boîtes de fer. Brassens avait posé dans l'allée des haltères de 100 kilos qu'il soulève négligemment devant son entourage. 

« Georges adorait faire des choses insolites », raconte Agathe Fallet. Lui, si digne, mettait soudain un casque à pointe ou un faux nez. » Il faisait provision de fluide glacial et de poil à gratter qu'il mettait dans les draps de ses copains. En 1971, à l'arrivée de la course Paris-Roubaix, qu'il avait suivie avec René Fallet, il déclare à un spectateur qui le fixait: « Bonjour, je m'appelle Jacques Brel. » «Le Brassens dionysiaque, solaire et rieur reste méconnu », insiste Joann Sfar. […] 

On imagine Brassens fin gastronome. « Pas du tout, il se nourrissait de conserves », précise Clémentine Deroudille. « Parfois, lorsqu'il nait chez des amis, il apportait ses boites de couscous, de lentilles ou de choucroute. » À une époque, Brassens, mangeait un poulet entier ou des sandwiches à la douzaine. Lorsqu'il est en tournée, il fait provision de charcuterie. « Après son concert, il lave sa chemise, la fait sécher sur un cintre et suspend sur un autre les saucissons achetés dans la journée et qu'il dévore comme des bananes », rappelle Clémentine Deroudille. Origines italiennes obligent, il adore les spaghettis, les macaronis, les lasagnes et autres pates. Lino Ventura vient d'ailleurs en préparer chez lui avec sa propre machine. 

La mort, qu'il avait fini par apprivoiser, est au centre de son ouvre. «Il assistait a tous les enterrements, avait une fascination pour les objets funéraires et notait la date du décès de ses proches un peu partout », raconte Clémentine Deroudille. « Dans ses carnets, derrière une horloge, sur les murs ou un calendrier. » « Ce n'était pas un prof de désespoir », ajoute Joann Sfar, « mais un morbide gourmet comme Romain Gary. Pour Brassens, la mort signifie qu'il faut vivre encore plus intensément. » À Jacques Canetti, qui lui a demandé de changer de nom, Brassens, farouchement opposé à cette idée, avait rétorqué : « Alors, ce sera Pépin cadavre. »